Brother Clement et ses loupiaux a Hyderabad
Comme promis, Clement Reveiller, homme de parole, me fait l'honneur d'un article sur mon blog, grand moment de litterature :
« J’ai cru lire il y a peu, sur ce site même , que l’instigateur de ce blog attendait un témoignage de ma personne sur l’aventure que je mène actuellement dans une bourgade un peu plus au nord, 500 kil’ à vol d’oiseau de Bangalore! Après m’être fait désirer quelques semaines, je prends ma plume et vous propose quelques bribes de ces derniers mois…
On m’appelle le Baron, donc je mets les bases ! : Je prépare depuis septembre dernier mon concours pour être fonctionnaire dans l’Education Nationale, filière Histoire Géographie 2nd degré ! Après avoir « Buchet » les écrits fin novembre, j’attends que le graal tombe à mon retour sur nos terres en février. J’avais donc 3 mois à me distraire. J’ai pioché la carte du bénévolat ! Je me suis envolé pour le sous-continent avec un projet, sur 3 mois, plus ou moins bien défini ; celui de m’occuper d’orphelins avec qui je vis, et proposer des échanges et cours de français à des collégiens/lycéens. On m’avait de toute façon mis en garde que dans ces aventures, beaucoup de choses évoluent et se décident sur le terrain. Mes acolytes avaient bien la mine du compas en plein épicentre de la pupille !! Bien vue les aveugles!!
Comme Chente (prononcé « Tchenté » ! Vous amusez pas à vous égarer dans la prononciation…), je n’ai pas eu le privilège de loger dans une bicoque de 120 m2 avec piscines, terrains de tennis et Sheraton à proximité ! L’Hospitalité dans laquelle j’ai trouvé riz et couverture en arrivant fin novembre est un orphelinat géré depuis 2009 par des pieux Hommes, membres de la congrégation religieuse des Frères de Saint Gabriel. Ce refuge pour enfants démunis, le Montfort Social Institut (MSI), a été créé à Hyderabad par le Frère Varghèse Teckanath, personnalité reconnue sur la scène internationale notamment pour son implication contre le travail des enfants.
Actuellement, cet orphelinat accueille 40 mâles, du petit mister Nandhu, 5 ans, à Srinu et ses 17 printemps ! Ce sont des enfants qui ont été très jeunes abandonnés, battus par leurs parents, aujourd’hui derrière les barreaux ou dans le commun des mortels. Nos bénédictins les ont récupéré errant dans les gares routières ou aux abords des chaussées, et leur offre aujourd’hui un toit, du riz et surtout un moyen d’accès à l’éducation. Ils sont vraiment très attachant, remplis d’une soif de vivre et d’un désir d’apprendre, curieux de beaucoup de choses. Certains aussi n’ont pas oublié d’être intelligent (pas tous !), malgré leur enfance très perturbée. Les enfants prient beaucoup, ils croient réellement en la Trinité. Pour dire, certains portent le chapelet, ou sont alités avec l’icône du Saint Père au dessus de leur tête! Mais remettons les choses dans leur contexte ; c’est le pays qui est très pratiquant, quelque soit la religion. Toutes celles-ci arrivent à cohabiter ensemble presque sans heurts, de la majorité qui est hindou (80%) à la femme voilée musulmane (15%), en passant par le jeune Frère catho (2%) jusqu’au vieillard bouddhiste !
L’électricité n’est pas permanente, et ne parlons pas de l’eau chaude. C’est douche à l’eau froide tous les soirs ! Mais l’on s’y fait au final ! Quant au courant, personne ne bronche ; la routine, le quotidien.
Comment se rythme la semaine ici pour nos louveteaux : Ecole du lundi au samedi matin, levé tous les jours à 5h30 pour étudier. Selon eux, la mémoire est plus fraîche à l’aube pour réviser (bon j’émets des réserves quant à la productivité intellectuelle au petit matin, quand la ½ des loulous ont leur cerveau en veille cognitive la première heure d’étude!!). Les indiens se lève très tôt, et la grass’ mat’ reste bien trop utopique, les klaxons et la nouvelle salle de Gym qui jouxte les locaux sont là pour vous le rappeler (honnêtement, les klaxons c’est un art de vivre ici !!). Ainsi, je les accompagne dans leur travail scolaire. Je suis un peu le Chenoir ou le Jean-Porc de Jean 23 si vous voulez !! C’est intéressant, ils me font confiance, et moi, je me débrouille avec ce que je sais dire en anglais, et ça passe plutôt gentiment !
Malgré ce jovial contexte qui règne ici, tout n’est pas si simple non plus. J’ai commencé en parallèle de la vie à l’orphelinat, à échanger avec des élèves qui apprennent le français au collège d’à côté. Et là, la donne est différente. Classe surchargée, et professeur pas exempt de tout reproche. En fait, je pensais tomber sur un enseignement assez bien huilé, bien organisé. Mais c’est seulement au niveau universitaire que les cours sont vraiment bien suivis.
Enfin, seulement en quelques mots, je vous propose un bref tableau de la vie que nous menons ici en Indes : les grandes métropoles indiennes fourmillent de motos, d’autobus et de rickshaws (tout un symbole ici !). Lorsque vous barouder en zone urbaine, prenez garde a ne pas vous égarer, les villes ne respirent pas la facilité. Et pourtant, les indiens semblent connaitre leur ville rues par rues, mais la municipalité a visiblement omis un détail concernant les gens d’ailleurs ; ne vous tracassez pas a trouver des ecritos de signalisations, ils sont tout simplement inexistants ! Les rues foisonnent également de petits vendeurs en tout genres ; garagistes, operateurs de téléphonies, vendeurs de primeurs, wine shop (un peu plus rares et plus dissimules !). Enfin, l’européen, disons le missionnaire colonisateur, est perçu ici comme une véritable légende vivante ! Si tu es blanc, tu es riche et intelligent, donc tu inspires de suite l’intrigue et la curiosité ; l’occidental se fait aborder très vite. Pour le gars en sevrage d’amitiés, l’Inde est LE pays qui lui faut !
Je termine en vous laissant les coordonnées de l’Institut, pour votre BA du mois : crayons, cahiers, gommes, chaussures…tout matériel en tout genre est le bienvenue !"
MSI Church Colony, Uppal, Hyderabad – 500 039. AP – India.